Publié le 10 oct. 2023 à 20:00
2019 – 2023. Un chemin pavé de bonnes intentions et riche en enseignements pour l’affiliation l’Autre Cercle qui s’évertue à offrir un éclairage accru sur les personnes LGBT au travail. Et les difficultés auxquelles elles doivent encore faire face, quatre années après la première mouture de ce palmarès devenu incontournable.
Premier level saillant : la frilosité des plus jeunes à endosser le costume – peut-être encore un peu trop grand- de rôle modèle en début de carrière. S’ils font montre d’un militantisme et d’une acuité sur ces problématiques, la jeune génération éprouve des difficultés à convertir ses aspirations dans le monde de l’entreprise. Preuve en est : la catégorie « personnes LGBT premier emploi » apparu au sein du cru 2022 de ce palmarès annuel ciselé par l’Autre Cercle a fait lengthy feu et n’est pas reconduite cette année.
Il faut dire qu’avec 6 lauréats sur 100, cette catégorie était déjà réduite à portion congrue l’an passé à pareille époque. Pour autant, Alain Gavand, président de l’Autre Cercle et architecte de ce palmarès annuel ne désarme pas. « S’il est vrai que la jeune génération demeure une terre inconnue pour nous, nous avons mis en place différents dispositifs pour mieux cerner leurs aspirations. Nous allons d’ailleurs mettre sur orbite un information sur les jeunes LGBT au travail pour mieux appréhender le sujet. Mais les jeunes demeurent pleinement impliqués et mobilisés sur ces questions ».
Autre déception : le cru 2023 n’est pas tout à fait paritaire. « Nous avons également des difficultés à récolter des candidatures féminines », abonde Alain Gavand.
L’incontournable et essentiel rôle-modèle
Néanmoins, la notion de rôle modèle demeurent indissociable de la volonté de faire évoluer les mentalités sur la query de la représentativité au grand jour des personnes LGBT dans un environnement de travail sain. Et débarrassé de certains clichés et autres poncifs.
« J’ai eu la likelihood d’avoir un N+2 qui était homosexual et qui a contribué, dans mon état d’esprit, à me donner confiance. En tant que jeune, j’ai rapidement ‘pris le pli’, si j’ose dire, et je n’avais pas le sentiment de devoir m’excuser d’être là », se remémore Pierre-Julien Bousquet, directeur général adjoint de la maison Francis Kurkdjian, en poste chez l’Oréal à ce moment-là. Pour autant, celui-ci distingué, au sein de ce cru 2023, dans la catégorie « Rôle Modèle LGBT+ Dirigeants » comprend les craintes des jeunes générations à « sortir du placard » dès les prémices de leur carrière professionnelle. « Il est légitime de se poser la query de la suite de sa carrière si on se dévoile trop tôt », ajoute-t-il.
Si une forme de stagnation semble toucher les plus jeunes sur ces problématiques, certaines évolutions sont à saluer, à commencer par l’intensité de l’engagement des entreprises françaises sur ces questions. Un engagement qui begin à porter ses fruits malgré un chemin tortueux.
« J’ai essayé de mettre en avant la communauté LGBT dès 2021, mais cela n’a pas tellement fonctionné et cela m’a beaucoup interrogé. Notre réseau repose sur l’motion de nos collaborateurs qui ont envie de s’engager sur ces sujets. Nous avions fait un appel très officiel en 2022 sans grande réussite », narre Caroline Garnier, directrice des ressources humaines France et Maroc de SAP et très impliquée sur les thématiques diversité et inclusion . Mais la donne change début 2023 avec la nomination de deux ambassadeurs, en interne, sur ces questions et la signature d’une charte. « Notre chief officier mondial diversité et inclusion est même venu en France, la signer au début de l’été », se félicite celle qui est distinguée au sein de ce palmarès 2023 dans la catégorie « Rôle modèle allié(e)s ».
Le luxe et la mode valeur refuge, vraiment ?
Une évolution des mentalités de la half des entités hexagonales – ou de leurs émanations françaises comme dans le cas de SAP- qui n’a pas échappé à l’oeil avisée d’Alain Gavand. « Ce qui était l’apanage des entreprises anglo-saxonne en 2019 a désormais infusé dans de nombreuses entreprises françaises qui s’engagent et prennent à bras le corps ces thématiques ».
Si, selon une enquête Ifop dévoilé concomitamment à ce palmarès, 71% des Français (contre 66% en 2022) pensent que l’entreprise doit tout faire pour favoriser l’inclusion LGBT+ au travail, certaines attitudes – plus maladroites que malveillantes, aux yeux des principaux concernés – restent à proscrire. Y compris dans des secteurs considérés comme des « valeurs refuges », comme le luxe ou la beauté.
« Le paradoxe, dans ces métiers, est que certains ont tendance à nous associer à un kind de fonction. En effet, d’aucuns considèrent que les personnes LGBT+ sont davantage faites pour les métiers de création ou en lien avec l’humain. Tandis que les métiers liés à la dureté des négociations et aux chiffres, doivent forcément échoir à des profils plus virils », dénonce Pierre-Julien Bousquet, qui rappellera, lors cet épisode, son aisance avec les chiffres en tant qu’ingénieur de formation. D’où l’significance cruciale du rôle modèle susmentionné pour faire montre de pédagogie et battre en brèche ces clichés nuls et non avenus.
Depuis 2019, et sa première édition, ce palmarès annuel peaufiné par l’Autre Cercle a distingué 450 dirigeants et collaborateurs. Objectif, à horizon, 2029 pour fêter les 10 ans du programme : 1.000 lauréats et autant de porte-voix en faveur de l’inclusion LGBT+ au travail. Rendez-vous est pris.